Lavoirs

Une histoire de femmes

Le lavoir était un lieu de communication.
C’était là, bien souvent, qu’on apprenait les nouvelles car la radio n’existait pas
et les quotidiens n’entraient pas dans tous les foyers.

« Des laveuses, quatre-cinq, tous les lundis, elles venaient en sabot.
On entendait le bruit des sabots sur la route, avec leurs brouettes chargées de paquets de linge, de lessiveuse, de petit bois.
Elles s’installaient.
Chacune avait sa place.
Elles faisaient leurs feux de part et d’autre du lavoir.
Les lessiveuses bien remplies,
ça bouillonnait.
Pendant ce temps-là on les entendait rire, papoter.
Ça mettait de l’animation dans le village et dans la ferme. »

« On devait se lever tôt pour être sûre d’avoir une place.
Parfois, l’hiver, il fallait casser la glace !
Pour améliorer le confort des genoux, on mettait un peu de paille dans le carrosse qui était personnel.
Mais dame, c’était dur! Pliées pendant des heures !
On décrassait à la brosse et au battoir, puis on mettait le linge dans une lessiveuse pour faire bouillir.
Un sachet de cendre de bois - « ludu » - remplaçait lessive ou savon. Puis on allait à l’extrémité du douët, isolée du reste, où il était défendu de laver ; c’était le "rinçoué". »

« Les mamans allaient avec leur brouette et les lessiveuses.

Je l’accompagnais assez souvent.

Il y avait beaucoup de lavandières, des quantités de femmes qui venaient laver et qui passaient la journée souvent.

Elles apportaient leur petit casse-croûte le midi.
Parce qu’il fallait faire bouillir le linge, attendre qu’il ait bouilli pour le rincer et repartir avec le linge mouillé pour le faire sécher.

Elle faisait du feu au début sur un trépied.

Par la suite ils ont fait une buanderie pour que les femmes laissent leur linge à bouillir pendant le midi et revenir après pour le rincer et le ramener chez elles. »

Les cafés alentours accueillaient les lavandières désireuses de faire une pause.
Pour se remonter, l’hiver surtout, elles buvaient un verre de « Picherel », eau de vie anisée de faible degré alcoolique ; c’était aussi un remède contre les vers intestinaux. 

« On a eu longtemps après la guerre l’eau courante.
On allait chercher l’eau à la pompe, c’est là qu’on avait nos rencarts.
C’était aussi le rendez-vous des commérages. »