Le couvre-feu avancé à 18 heures a été mis en place en France il y a un mois et demi. Si le directeur général de la Santé Jérôme Salomon défend la mesure et décrit un levier efficace, nombre de scientifiques montent au créneau pour serrer la vis. "La situation est évidemment très tendue", mais "le gouvernement a pris des mesures de freinage fortes en particulier avec le couvre-feu". Le tableau a été dressé ce dimanche 28 février par le directeur général de la santé, Jérôme Salomon. Mis en place au milieu du mois de janvier, le couvre-feu à 18 heures pour lutter contre le Covid-19 avait comme principal objectif de contrer "l’effet apéro" et d’éviter les rassemblements en fin d’après-midi et en début de soirée. La mesure "répond bien à la problématique des rassemblements privés et intéresse d’ailleurs beaucoup nos voisins qui ont été surpris de ses effets", se réjouissait le directeur général dans les colonnes du Journal du Dimanche. Reste qu’un mois et demi après son instauration, la France a beau ne plus être à l’heure de l’apéro, le pays ne parvient toujours pas à sortir de son "plateau épidémique élevé". Au milieu du mois de janvier, le pays enregistrait près de 18 000 nouveaux cas de contamination en moyenne chaque jour. En ce début de mois de mars, le pays en comptabilise plus de 21 000 quotidiennement. Le couvre-feu devait permettre aux hôpitaux de souffler : aujourd’hui, on compte exactement le même nombre de personnes hospitalisées des suites du Covid-19 qu’au milieu du mois de janvier. Plus de 25 000 patients ont été admis en soins hospitaliers ces derniers jours. De quoi pousser nombre de scientifiques à pointer du doigt une mesure qui n’est pas assez efficace pour endiguer l’épidémie sur le sol français, notamment face à la menace de variants du virus, plus contagieux : "Le couvre-feu a eu un impact, mais dans un certain nombre de régions, ce n’est pas suffisant", analyse le professeur Yazdan Yazdanpanah, membre du Conseil scientifique, au micro de RTL.
Sur cette question, certains épidémiologistes sont plus catégoriques : "Dire aujourd’hui que le couvre-feu a eu un effet sur la situation sanitaire en France, c’est une vaste plaisanterie, évoque Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne. L’évolution de la situation sanitaire, c’est le résultat de ce que les gens font, de la dynamique de l’épidémie, des mesures de restriction, de la vaccination… Attribuer ces mouvements à quelque décision ou mesure de restriction que ce soit,c’est juste impossible." Faut-il alors aller plus loin dans les mesures de restriction pour sortir du "plateau haut" ? C’est ce que souhaitent nombre de médecins épidémiologistes, qui veulent une mesure d’ampleur : "Il nous faut un confinement intelligent, estime Catherine Hill. Le gouvernement ne doit pas confiner pour confiner, sinon l’épidémie risque de repartir de plus belle. Il faut reconfiner pour tester, et mettre au point une nouvelle stratégie de dépistage."